[Accueil Fondation Chambon (français)]          [Accueil Chambon Foundation (anglais)]      


Réunion Libération et Journées Mémoires du Plateau (juin 2004)

Chambon-sur-Lignon
Portrait de Pierre Sauvage

par Bernadette Sauvaget, Réforme, le 17 juin 2004
Reproduit avec autorisation

Cheville ouvrière des rencontres du Chambon, Pierre Sauvage est le gardien de la mémoire du Plateau. Auteur du documentaire Les armes de l’esprit, il se bat aujourd’hui pour qu’un projet de musée aboutisse.

 Pour Le Chambon-sur-Lignon et sa mémoire, Pierre Sauvage remuerait ciel et terre, soulèverait toutes les montagnes. Sans cet homme déterminé, fondateur et président de l’Association Amis du Chambon [et de la Fondation Chambon (USA)], qui vit à Los Angeles  [sans être américain], les Journées Mémoires du Plateau n’auraient pas eu probablement lieu. Il tient farouchement au « s ». Car la mémoire du lieu et de son histoire, selon Pierre Sauvage, est plurielle, tout autant celle des accueillants, les habitants du Plateau, que celle des accueillis, familles et enfants juifs sous l’Occupation.

 Lui, enfant de la guerre, est né au Chambon en 1944. Ses parents s’y étaient cachés comme d’autres familles juives. A la fin des années quarante, les Sauvage s’installent à New York. Son père, Léo, journaliste connu, y sera longtemps le correspondant du "Figaro". La famille est foncièrement laïque. Est-ce cela qui fera couvrir d’un épais silence les racines juives ? Jusqu’à ses 18 ans, Pierre Sauvage ignore tout de son appartenance religieuse, de l’étonnante histoire de sa naissance.

La famille est bien revenue en visite sur le Plateau du Lignon. Mais en cachant aux enfants la véritable raison de ce pèlerinage. « Le Chambon m’avait semblé un village comme un autre », se souvient Pierre Sauvage. Si le tabou se brise enfin, c’est que Pierre est revenu, pour un temps, vivre en France. « Mes parents ont sans doute pensé qu’une partie de la famille ne pourrait tenir le secret. » Il s’inscrit en études de lettres à la Sorbonne. Mais sa véritable passion, le cinéma, le happe rapidement. Le futur réalisateur de documentaires laisse tomber les études, travaille à la Cinémathèque, y devient l’assistant du célèbre Henri Langlois. « L’homme le plus extraordinaire que j’ai rencontré », dit-il.

« Nous avons tous besoin de notre identité, de nos racines. Finalement, j’ai été privé d’une partie de ma famille, de mon histoire. » Depuis, la mémoire du Chambon et du Plateau l’habite. Il en est presque devenu le gardien. Homme de l’image, Pierre Sauvage, habité de fortes convictions, a donc choisi la caméra pour rendre hommage à ceux qui sauvèrent la vie à ses parents et à lui-même. Soutenu par sa femme, il se lance en 1982 dans la réalisation d’un documentaire, Les armes de l'esprit, devenu depuis une référence. L’accouchement fut lent : sept ans. Les habitants du Plateau sont des modestes, des « taiseux » aussi.  Les circonstances aussi furent compliquées, le producteur ayant fait faillite pendant le tournage. « C’est le film d’un enfant rebelle », aime à dire Pierre Sauvage, d’un juif aussi, qui se revendique enfin comme tel…

En ce moment, deux projets tiennent particulièrement à cœur au réalisateur. Il souhaite faire aboutir le musée de la mémoire du Chambon et du Plateau (voir ci-dessous) et terminer son documentaire sur Varian Fry, un Américain qui, installé à Marseille pendant la Seconde Guerre mondiale, sauva de très nombreux artistes juifs, parmi lesquels le célèbre peintre Chagall.
© Réforme, 2004

 Un musée ou deux ?

Les plus belles histoires ont aussi leur revers. Un musée pour perpétuer la mémoire du Plateau, le courage et la générosité de ses habitants ? Chacun est convaincu de la pertinence du projet. Mais l’initiative, qui est sur les rails depuis la fin des années 90, est malheureusement devenue une pomme de discorde. Deux projets concurrents ont émergé : l’un, soutenu par la mairie du Chambon et l’association de Pierre Sauvage ; l’autre, monté par le Sivom (syndicat intercommunal qui regroupe une dizaine de localités). Régulièrement mis en avant, Le Chambon est suspecté par ses adversaires de capter pour lui seul la mémoire collective du Plateau. Pour le moment, les bailleurs de fonds (notamment les grandes associations juives qui perpétuent le souvenir de la Shoah) attendent, en espérant que deux ne feront bientôt plus qu’un.
© Réforme, 2004

Réforme: L'Hommage aux Justes

Journées Mémoires du Plateau

Les Justes de la région du Chambon

Projet muséographique Mémoires du Plateau


[Accueil Fondation Chambon (français)]          [Accueil Chambon Foundation (anglais)]

[mail]   [nous contacter]   [table des matières]   [recherches]   [commentaires?]   [visiteurs]   [lier à nous?]

© Copyright 2004. Chambon Foundation. Tous droits réservés.  Révisé : 20/05/10